L’Inra de Jouy fabrique des nez nanobioélectroniques

« Un nez bioélectronique commercialisable dans trois ans », telle est l’ambition d’Edith Pajot-Augy, chercheuse à l’Inra de Jouy-en-Josas. « Nous avons la preuve que le concept fonctionne ». En effet, les chercheurs ont enregistré le signal électrique lié à la détection d’une molécule odorante par un récepteur olfactif. Le protocole technique est complexe.

Dans un premier temps, l’équipe de l’Inra a réussi à faire produire des récepteurs olfactifs de mammifères, de rat et d’humain, par des cellules de levures. L’objectif était ensuite de réaliser des nanovésicules porteuses de ces récepteurs (50 nanomètres de diamètre) membranaires et de les associer à une nanoélectrode d’or, ce métal étant le mieux adapté à véhiculer des « nanovariations » d’impédance. La réalisation des nonavésicules est obtenue par réduction des cellules de levure aux ultrasons. Les multiples nanovésicules sont alors fixées sur la surface d’or. Leur ancrage est rendu possible grâce à la présence d’anticorps greffés sur le métal.

Enfin, la dernière difficulté technique est de développer l’instrumentation et les outils d’analyses de données pour s’assurer de la signification du changement d’impédance et ainsi obtenir un véritable nez nanobioélectronique de type industriel. « Nous avons déjà réalisé en laboratoire deux types de nez, l’un doté d’un récepteur de rat, l’autre d’un récepteur humain pour la détection d’aldéhyde, ce qui prouve la faisabilité d’un tel équipement. Des projets avec des détecteurs optiques à la place des systèmes de mesure d’impédance sont également en cours de réalisation ». Les tests ont montré que les nanobiosenseurs réagissent à une très faible quantité de molécules odorantes avec un haut niveau de précision. « ln situ », les molécules odorantes migrent vers les récepteurs olfactifs à travers une couche de mucus. Les nez nanobioélectroniques sont donc conçus pour analyser des solutions aqueuses.