Les élucubrations de la fusion froide

Commencée en 1989, voici une affaire scientifique difficilement classable, où la frontière entre candeur, imposture et hypothèse du futur reste floue. Cette année-là, l’université d’Utah (USA) annonce que deux chercheurs, Martin Fleishmann et Stanley Pons, ont réussi à produire, « à froid », une fusion de noyaux deutérium (isotope de l’hydrogène), attestée par un faible dégagement d’énergie, présent dans ce qu’il est convenu d’appeler « l’eau lourde ». Cette nouvelle sensationnelle, aussitôt reprise par le Wall Street Journal et le Financial Times, suscite un énorme haussement d’épaule teinté de dérision dans la communauté scientifique internationale. Fort brouillonnes et dépourvues d’une élémentaire rigueur, les expérimentations de Fleishmann-Pons sont considérées comme farfelues.

Bravant l’ostracisme, les deux compères s’exilent en France et rallient une poignée de chercheurs séduits par cette quête du Graal (rebaptisée Science nucléaire de la matière condensée - CMNS). Par ci, par là, quelques mécènes (dont Toyota au Japon ou le Stanford Research Institute) alimentent quelque peu leurs travaux obstinés. Chaque année, les croisés de la CMNS organisent leur conférence mondiale. Et quid si un jour du XXIème siècle, l’élucubration atteignait son but ?